Avec “Baglilik Hasan“, sélectionné et présenté au Festival de Cannes 2021, Semih Kaplanoğlu s’inscrit dans la continuité de la Trilogie de Yusuf, ses films précédents.
Hasan, le personnage central du film est devenu propriétaire terrain, il cultive et vend fruits et légumes …
Avec Semih Kaplanoğlu, nous ne sommes jamais très loin de la nature, ou plutôt nous sommes toujours très proche d’elle, tellement la nature occupe une position centrale dans ses films, un rôle d’actrice.

Une nature chamanique qui inspire l’homme, mais que l’homme bouscule en tentant de la soumettre à coups de pesticides et de manipulations ogm, et pourtant toujours elle résiste et s’impose.
Alors, les hommes dans tout cela…
Tandis que la nature semble toujours bien à sa place, les hommes eux semblent inlassablement chercher la leur à travers le contrôle de leur environnement.
Hasan, au fait d’une certaine aisance sociale cherche désormais à acquérir une forme de respectabilité, la cerise sur le gâteau en quelque sorte, et remet au goût du jour une promesse faite à sa femme (remarquable actrice dans le film), réaliser le voyage aux lieux saints, le hadj, et devenir hadji.
Mais pour ce faire, Hasan doit regarder sa vie passée et ses actions afin de voir lesquelles demandent réparations et pardon de la part des personnes concernées.
C’est bien là tout le sujet du film avec d’un côté la nature, la mère nature omniprésente, et les êtres humains tout occupés par leurs calculs, petits calculs.
Et voilà notre “bon“ Hassan parti à la recherche de pardons ou de dettes à terminer, par çi par là, avant de partir pour le hadj.
Tout cela baigne discrètement dans un contexte économique et social qui nous montre que faire le hadj eh bien ce n’est pas donné, comme dit si bien Hassan … 5500$ ma foi, c’est le prix du terrain fruitier de 10 hectares qu’il vient d’acheter !

Alors Hasan se pose des questions, à lui et à sa femme, un personnage plein de sagesse et qui joue le rôle de lien entre le monde de la nature immanente et le monde des humains calculateurs.
Une phrase résume cette quête du pardon pour Hasan lorsqu’il est confronté à une demande insistante adressée à une personne qu’il a blessé auparavant, réponse, “ne me demande pas mon pardon, va le demander à Dieu !“.
C’est tout le sujet de cette belle parabole de Semih Kaplanoğlu, Dieu arrange tout le monde et il suffit d’y croire, car jusqu’à maintenant, personne n’a jamais vu Dieu de son vivant.
Bonne séance
Marc Lanteri pour Fransapostasi
13/7/21 – Cannes