Sélectionné au Festival de Venise, Burning Casablanca nous raconte une histoire d’amour, catharsis ou résurrection pour les deux amants … et pour le réalisateur, présent au Bataclan en novembre 2015
Pour Ismaël El Iraki, son film est à l’image de sa ville, Casablanca est une vile où les gens vous tendent la main, sans que vous sachiez à l’avance “si c’est pour serrer la votre ou vous claquer une gifle“ … Bref, une ville où on ne s’ennuie pas, en concordance parfaite avec le film qui passe son temps à balancer entre comédie déjantée et tragédie burlesque pour le plus grand bonheur des spectateurs, en clair c’est une histoire revisitée de “sex, drugs and rock and roll“ mais pas que …
Il semble que la préparation du film, le making-of comme on dit à Casablanca, ait procuré des sensations toutes aussi fortes pour l’équipe du film.
Réalisé avec un budget évoluant autour du million d’euros, le film nous montre la vie à Casablanca, passée et présente, mélangeant vécu et à vivre.
Le réalisateur a pu compter sur ses amis acteurs et chanteurs, exprimer son amour de la musique, rock métal et musique traditionnelle marocaine, ressortir ses anciens vinyles et constituer une bande de joyeux drilles autour de la construction du film.
Il a aussi pu compter sur le producteur Saïd Hamich, déjà impliqué sur le film marocain de Nabil Ayouch, Much loved, sortie en 2019 (sauf au Maroc).
Il a pu mesurer ses talents en écrivant et ré-écrivant le script de nombreuses fois, et finir par réaliser son film en improvisant au jour le jour, scène après scène.
L’histoire est celle d’une rencontre improbable entre une femme (sex), un chanteur métal passablement has been, endetté et sur le retour (drugs & rock and roll), sans oublier le whisky.
Vous mettez l’ensemble dans un shaker et cela donne une histoire d’amour explosive où nos deux personnages nagent dans le bonheur entouré de crocodiles qui ne leur veulent pas toujours du bien, la baignade finira par être très animée, les situations torrides … Ils ne sont pas seuls.
Certes, il peut y avoir quelques longueurs et le montage aurait nécessité plus de précision … mais la fougue du réalisateur et de son équipe emporte tout sur son passage, son déroulement en cascade effrénée lui donne un aspect foutraque bienvenu dans ce monde “policé“ où les gens propres sur eux ne sont pas toujours ceux qui le sont et où les laissés pour compte bénéficient d’une seconde chance, enfin.

D’ici que ce film soit une catharsis pour Ismaël El Iraki, il n’y a peut être qu’un pas, lui qui était présent au Bataclan un certain 13 novembre 2015 …
Ismaël El Iraki a choisi de montrer la vie, celle qui permet de rester debout et d’avancer, en regardant derrière une bonne fois pour toute, lui pour qui l’équilibre consiste à ne pas rester immobile.
Les acteurs ne sont pas en reste, Khansa Batma colore l’écran de son talent (Prix de la meilleure actrice Orrizonti au Festival de Venise) et le reste de la bande déborde d’énergie et d’imagination.
Le réalisateur, passé par la Femis, est un dynamiteur de codes, il est bien armé : il y a chez lui un oeil de Tarantino et de beaucoup d’autres.
Burning Casablanca est son premier long métrage, il vous tend la main …
Il y en aura d’autres.
Marc Lanteri
3/11/2021
Sortie à Paris le 3 novembre 2021